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SOS France
24 août 2021

La gauchiasse universitaire

postmodernes (2)

         Le Département Philosophie de l’université de Paris VIII veut-il recruter un enseignant-chercheur ou un militant doctrinaire?

 

 

 

 

 

 

 

https://www.causeur.fr/portrait-de-lenseignant-chercheur-de-philosophie-a-paris-viii-en-2021-208460

Dans le numéro 105 de la revue L’Atelier du roman, Jean-Yves Masson, professeur de littérature comparée à la Sorbonne, a l’excellente idée de nous présenter in extenso la fiche de poste d’enseignant-chercheur du Département Philosophie de la toujours très progressiste université Paris VIII (article intitulé « Le monde enchanté de l’émancipation ou comment on recrute un professeur de philosophie »). Les candidats qui en auront saisi toutes les subtilités idéologiques pourront ainsi se présenter pour tenter d’obtenir ce poste. Car, précise J-Y. Masson, cette fiche, trop jargonnante pour être honnête, n’est pas celle d’un poste d’enseignant-chercheur mais plutôt celle d’un poste de militant doctrinaire ou, pour dire comme Nathalie Heinich, d’un futur « académo-militant. » À l’inverse de l’usage universitaire qui veut que le poste soit décrit en fonction d’un grand champ d’investigation, les mots-clés présentés au début de cette fiche annoncent la couleur : émancipation, violence, intersectionnalité, subjectivation politique, féminisme, études postcoloniales.

Premier signe qui ne trompe pas, la fiche est écrite en écriture inclusive. Dans un sabir dissimulant mal l’idéologie qui imprègne l’enseignement attendu, il est par exemple précisé : « Sera alors attendue des étudiant.e.s l’attitude à relier les sources archéologiques multiples de ces enjeux dans la philosophie classique, moderne et contemporaine, et leurs reformulations plus actuelles, et à analyser la normativité inhérente aux discours anthropologiques, les hiérarchies et les exclusions qui en procèdent et rendent leur universalisation polémique… » Traduction : au sortir de cet enseignement, l’étudiant saura “déconstruire” le discours universaliste de la philosophie, remettre en cause des hiérarchies obsolètes, démontrer que la prétendue science occidentale n’est rien d’autre qu’un instrument de domination sur les exclus et les opprimés (les femmes, les « racisés », les homosexuels, etc.).

A lire aussi, Martin Pimentel: Nathalie Heinich dézingue nos sociologues en peau de lapin

La partie de la fiche de recrutement consacrée à la recherche est tout aussi claire, si j’ose dire : « Le.a candidat.e inscrira ses recherches […] sur les logiques discursives et subjectives de l’émancipation, dans le champ des épistémologies « mineures » et des études subalternes, féministes et postcoloniales, dans la diversité de leurs ancrages intellectuels et géographiques et de leurs trajectoires politiques. » Le travail sur les « épistémologies mineures » (ou « de positionnement »), très à la mode dans les universités américaines, précise J.-Y. Masson, sert essentiellement à relativiser tout discours de savoir en fonction de la position occupée par celui qui le tient. Il est par conséquent attendu que le professeur blanc et masculin revoie la copie de son savoir à l’aune de sa position sociale, de sa couleur de peau et de son sexe (qui font de lui obligatoirement un oppresseur) et qu’il valorise le plus possible les savoirs soi-disant minorisés des opprimés.

L’intersectionnalité comme vérité révélée

« On en attendra [de ces recherches] une pratique de l’intersectionnalité réfléchie, non comme méthodologie régionale, mais comme mode de problématisation générique, transversale, susceptible de complexifier l’analyse des logiques de domination, etc. », dit encore la fiche de recrutement. J.-Y Masson traduit : toute l’histoire de la philosophie devra être lue à travers « l’intersectionnalité » vue non comme une théorie parmi d’autres (« non comme méthodologie régionale ») mais comme rendant compte de la totalité du réel (« mode de problématisation générique ») et s’appliquant à l’ensemble des savoirs (« transversalité »). Nul besoin d’embrasser l’ensemble de la philosophie pour enseigner ou faire de la recherche à partir de ces préceptes. D’ailleurs, la page d’accueil du Département Philosophie de Paris VIII dit faire « une place importante aux figures de la philosophie française contemporaine qui ont créé ce département et qui y ont enseigné, de Michel Foucault et François Châtelet à Jacques Rancière et Alain Badiou, en passant par Gilles Deleuze ou Jean-François Lyotard. » Presque tout est dit. Au diable les philosophies antique et classique, elles réclament des recherches constantes et un véritable travail intellectuel. Préférons les resucées américaines et françaises des philosophes de la French theory, et militons pour dénoncer la domination protéiforme occidentale sur les minorités ostracisées. Quelques concepts pseudo-philosophiques et un vocabulaire pseudo-scientifique nébuleux autour des nouvelles notions « déconstructivistes » ou « wokistes » sur la race, le genre, le féminisme ou le décolonialisme suffiront alors pour obtenir le poste sus-mentionné. Comme l’écrit Nathalie Heinich (dans Ce que le militantisme fait à la recherche) « le militantisme académique ne met pas la barre intellectuelle très haut. » Médiocres, les thèses geignardes issues de cet enseignement ne servent qu’à la promotion des moins capables de la profession universitaire qui deviendront des doctrinaires de la pire espèce. « On a affaire à un lavage de cerveau comme on en voyait dans les universités du bloc communiste », écrit encore J.-Y. Masson.

Ce ne sont pas seulement la sociologie et la philosophie qui sont concernées par ces enseignements douteux. On « décolonise » aussi les mathématiques, la médecine ou les arts. Des spécialistes de la géographie du genre (sic) se penchent sur « l’espace à l’époque du queer » (Rachele Borghi) ou sur « la ville faite par et pour les hommes » (Yves Raibaud). Quant à l’Histoire mondiale de la France dirigée par le professeur au Collège de France Patrick Boucheron, elle soutient les thèses les plus foldingues du moment sur une France pas si française que ça, métissée, nomade, multiculturaliste depuis vingt-mille ans au moins. Nous n’avons pas affaire ici à de petites escarmouches mais bien à une attaque en règle de l’enseignement et de la recherche universitaires en France. Espérons toutefois, avec Nathalie Heinich, que ce « fatras de productions médiocres issues du militantisme académique finira vite dans les poubelles déjà bien pleines de l’histoire intellectuelle. »

P.S : je tiens ici à remercier vivement Patrick Corneau pour avoir attiré mon attention sur l’excellent article de Jean-Yves Masson (https://www.patrickcorneau.fr et https://www.patrickcorneau.fr/2021/07/la-grande-degringolade/)

Extrait de JeanYves Masson : « Le monde recrute un professeur de philosophie » , L’Atelier du romann°105, juin 2021

 

Cette idéologie nébuleuse, pour laquelle tout est violence plus ou moins déguisée, est … ) venue des campus américains, et ce qu'il y a d'assez comique dans le fait qu’elle maintenant en France, c'est qu'elle est pour l'essentiel nourrie de ce qu'on appe arrive lle aux USA la « French Theory gen derstudies, ». Les vedettes de cette école de pensée comme Judith Butler, star des pratiquent allègrement le name dropping : il n'est pas une page de celle l'on ne rencontre en quelques lignes les noms de Blanchot, Fouci où cault, Derrida, Levinas, Deleuze, Ricœur, Barthes, Bourdieu et quelques autres, sans oublier Austin, Searle, Hjelmslev ou Greimas. A chaque fois, leurs noms sont convoqués en vrac, comme s'ils avaient tous été d'accord, sans aucun souci des désaccords parf dont M me ois importants qui se sont élevés entre eux et Butler n'a pas l'air de se douter. Le gloubiboulga intellectuel qui en résulte ne tient pas la route une seconde si l'on a un peu étudié la philosophie ou la linguistique, mais il impressionne ceux q ui aiment les mots compliqués. Il ne devrait pas impressionner en France, puisqu'il est une bouillie mal digérée des problématiques novatrices élaborées par les grands intellectuels de la deuxième moitié du siècle dernier ; mais les universitaires français d'aujourd'hui les ont en fait à peine lus. Ils sont en revanche idolâtres de tout ce qui vient des EtatsUnis, même si, passées à la moulinette américaine, les positions de nos philosophes d'hier sont devenues méconnaissables. N'ayant guère le niveau suffi sant pour lire Derrida, Levinas ou Deleuze, pas mal de jeunes universitaires français sont soulagés d'en rencontrer une version simplifiée qui leur donne l'illusion d'avoir assimilé l'essentiel de leur pensée : tous ont dénoncé une même oppression, l'insou tenable violence multiforme qui a structuré la société occidentale depuis l'empire romain (aux USA, on s'en prend maintenant aux études grecques et latines, coupables d'avoir assuré la domination du mâle blanc, et l'on réclame l’éradication du peu qui en r este). Cette eau de bidet à peine tiède fait aux jeunes et moins jeunes âmes avides de sensations fortes l'effet d'un acide capable de décaper la façade mensongère de toute notre culture. Le jargon qui en résulte n'est pas fait de concepts : c'est une lang ue de bois. Ce sabir rappelle le jargon des marxistes, à ceci près qu'au moins le marxisme était une philosophie cohérente, alors que nous avons ici affaire à un ramassis de mots picorés à droite, à gauche, mis là juste pour donner un semblant d'assise int ellectuelle à une posture pseudorévolutionnaire qui prétend dénoncer partout l'oppression des forts sur les faibles, les forts n'étant plus définis par la détention du capital mais par la naissance: l'homme blanc, futil un prolétaire, est le nouvel épouv antail de cette pensée qui a su réintroduire et légitimer une sorte nouvelle de racisme auquel on n'avait pas encore songé. Le racisme de droite était vilain, le racisme de gauche est tout nouveau, tout beau : c'est le racisme des anciens colonisés contre les anciens colonisateurs. Vous n'avez aucune sympathie pour l'histoire coloniale ? Si vous êtes Blanc, le mieux que vous puissiez faire est de reconnaître que vous portez la culpabilité des horreurs commises par votre race, à la manière dont la théologie chrétienne accable l'être humain de l'héritage du péché originel, et qu'en outre toute votre vie est faite de privilèges inconscients venus de cette époque. Tout est vu à ce prisme, et pas seulement l'histoire ex coloniale : la science occidentale étant par emple le produit de savants qui, depuis Archimède et Euclide, furent essentiellement des hommes de race blanche, elle n'aurait, selon cette pensée, dégagé aucune vérité universelle, mais représenterait seulement un instrument de domination des faibles par les plus forts. On assurera désormais la promotion d'une physique ou d'une chimie féminines et racisées. Je n'invente rien. Ne venez pas expliquer, si vous êtes un Blanc, que la complexité rythmique et mélodique des musiques traditionnelles africaines ou l es grandes épopées orales des griots vous passionnent (c'est mon cas), ou que vous êtes fasciné par la richesse que représente le fait que dans la langue navajo les verbes puissent prendre plusieurs milliers de formes tant la conjugaison de cette langue m artyrisée est capable d'exprimer de nuances : vous serez accusé de vouloir d'autant plus récupérer ces trésors. En effet, les chercheur.e.s noir.e.s ou apaches sont bien sûr seul.e.s compétent.e.s Je viens d'employer et surtout légitimes pour les étudier. à dessein l'écriture inclusive, cette invention graphique imprononçable par laquelle on est censé donner à entendre (ou plutôt à voir) que, désormais, dans une langue comme la nôtre, le masculin ne genre étant, « l’emportera » plus jamais sur le féminin (le je l'ai dit, substitué au sexe mais aussi confondu avec lui). Nos hommes politiques avaient bien compris qu'il fallait ouvrir leurs discours par « Françaises, Français plus d'électrices que d'électeurs. Désormais, ils devront commencer par : », puisqu'il y a « Français.e.s ». Cela s'écrit mais ne se lit pas ? Peu importe. Ce qui compte, c'est de donner un gage d'appartenance au clan, et de bien montrer qu'on défigure la langue (nationale, donc haïssable). Les universités de France sont ainsi d'ores et déjà mas sivement passées à l'écriture inclusive. Une de leur mission était de transmettre et d'enseigner la langue française ? Elles sont maintenant ivres de bonne conscience à l'idée de la détruire, ou de la remplacer par l'anglais. ( … )

 

 

 

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